22 ème Concours International de Tradition,Cuts à Compiègne; 25 26 mai 2019

25 May 2019

Compte rendu :

 

La nuit précédent le départ, forcément matinal, j'ai rapproché les poneys en les faisant dormir dans le paddock, qui n'avait pas été pâturé depuis le début du printemps et, malgré sa petite taille, était recouvert d'une végétation surabondante; bien qu'il soient passés à un régime sec dès leur arrivée à Compiègne, les poneys s'étaient empiffrés toute la nuit, et Qyo et Loupiot ont ensuite aspergé continuellement leurs belles queues juste avant les présentations.

 

La voiture étant trop haute pour pénétrer dans mon plateau (hauteur 1,85m), il a fallu démonter quelques pièces pour pouvoir la charger: outre le timon, les ridelles, le haut du siège et le frein; la désactivation du frein oblige à utiliser le treuil non seulement pour charger la voiture, mais également pour la décharger.

 

Suite

le camion 2019

La météo avait annoncé de la pluie, mais quelques gouttes seulement sont tombées sur Compiègne et les terrains sableux étaient très poussiéreux, à commencer par le parking et le chemin d'accès à la présentation.

 

11 nations étaient représentées, de la Pologne à l'Espagne (et un Australien). Il y avait au total 46 attelages, dont 11 français: 9 attelages à 1 (poney ou cheval), 23 paires, 3 tandems, 3 évêques, 4 attelages à 4 chevaux et 2 coaches (sortes de diligences): il y avait peu d'attelages en grandes guides, qui nécessitent une logistique plus importante et un meneur expérimenté. A 4 poneys, j'ai constaté que j'avais une concurrente en la personne de Consuelo de Grunne, de nationalité allemande: je l'avais déjà rencontrée à Cuts et au Haras du Pin, où nous avions partagé la même table. Elle est polyglotte, pouvant parler 5 langues différentes au cours d'un même repas. Elle présentait ces jours-là des paires de poneys et d'ânes, mais nous a dit qu'elle attelait également à 4 poneys. Effectivement, elle présentait à Compiègne 4 poneys de 1,48m, attelés à une voiture absolument impeccable.

 

Avant les présentations, nous avons détendu 3 des poneys à la longe, et constaté que Loupiot boitait très légèrement: nous avons donc décidé de le ménager, en le privant de routier pour qu'il soit en forme pour la maniabilité, discipline qu'il adore et dans laquelle il excelle. Le routier s'étant avéré constitué de goudron sur plus de 10km, nous nous sommes félicités de cette décision car, non ferré comme tous mes poneys, il aurait probablement souffert sur ces sections.

 

Présentation :

Notre attelage était une version champêtre, la seule du concours. Je pense que le conseil des organisateurs avait pour but de montrer au public que l'Attelage de Tradition n'est pas constitué uniquement de voitures de maître; il est vrai qu'un tel modèle de travail ne peut être attelé qu'avec des chevaux de trait ou un attelage à 4, qui étaient peu nombreux à Compiègne. Ce modèle rustique, rare de nos jours, a beaucoup intéressé et a même intrigué les spécialistes: ce type de porte-charges était très répandu dans les campagnes françaises, mais elles n'étaient que rarement suspendues et celle-ci dispose de 5 jeux de grosses lames. Certains ont pensé à un corbillard, mais la peinture d'origine (jaune verdâtre) exclut totalement cet usage antérieur. Personne n'est arrivé à la dater précisément.

le camion 2019

 

La voiture doit être d'époque, mais cette obligation ne s'étend pas au chargement, et je présentais de la paille provenant de la dernière récolte. Cependant, on m'a fait remarquer que, pour bien assortir le chargement à la voiture, il aurait été préférable que cette paille soit présentée liée en gerbes, plutôt que pressée en petits ballots, caractéristiques de la fin du 20ème siècle.

 

Nous nous sommes présentés successivement devant les 3 juges qui étaient, je crois, espagnol, polonais et britannique: leurs notes respectives différaient un peu, mais tous m'ont attribué ma meilleurs note pour la rubrique «impression d'ensemble».

 

Lors de la 2ème présentation, Loupiot a reculé puis s’est tortillé, passant un postérieur par-dessus un trait; Laure est alors descendue tenir les volées, tandis que Philippe détachait puis rattachait le trait. Tour s’est déroulé dans le calme, et faisait ressortir le professionnalisme des grooms. Cette défense de Loupiot n’avait rien à voir avec celles qu’auraient pu effectuer Gavroche ou Pinocchio.

J’ai évidemment pris sur cette épreuve un retard important face à l’attelage de ma concurrente: 8 points (notation sur 90).

 

Dîner :

Laure nous a quittés immédiatement après la présentation pour rentrer dormir à Nanteuil, tandis qu’Annie était arrivée et est restée participer à l’apéritif puis au dîner. Cet excellent repas nous a été servi sous la grande tente bordant le terrain d’honneur de Compiègne.

 

Routier :

le routier 2019

Cette épreuve le dimanche matin en forêt de Compiègne, avec un temps frais et ensoleillé, a été très agréable. Nous avons cependant regretté de devoir suivre du goudron de manière ininterrompue sur les 10 premiers des 15 kilomètres. Curieusement, nous avons dû faire longtemps du trot à 13 km/h pour arriver à tenir la vitesse moyenne de 9 km/h demandée aux poneys de la taille des nôtres. Contrairement aux routiers de Cuts ou du Haras du Pin, le bas de la forêt de Compiègne sur lequel se déroulait ce parcours était absolument plat, et je n’ai à aucun moment eu besoin d’utiliser le frein à manivelle.

le routier 2019

 

Le premier point de contrôle étant la volte avec les 4 guides dans une seule main, qui n’a posé aucun problème. Le reculer était en légère descente; la voiture étant très lourde, les timoniers ont peiné pour la faire reculer mais y sont parvenus. Pour le salut, je n’avais pas bien compris le balisage au sol, mais les commissaires m’ont repris juste avant le début de la zone et mon parcours a été correct. Pour le rail, j’ai trop regardé ma roue avant droite, si bien que je n’ai pas vu les volées dévier, et que les timoniers ont fait sortir légèrement la voiture du rail un mètre avant la fin. Les poneys se sont bien arrêtés pour que je me saisisse du verre, qui était si peu plein que je n’ai pas pu en offrir à mon groom. Ils ont dévié juste avant le deuxième arrêt, un palonnier de timon (partie la plus large du véhicule) étant alors posé contre le piquet; quand je suis reparti, le piquet a tremblé, le verre a vacillé, mais est resté en place. En cette fin de parcours, Gavroche (que j’avais détendu 3/4 h à la longe avant de l’atteler) a tenu correctement les arrêts.

 

J’ai appris que ma concurrente avait eu quelques problèmes avec ses volées en cathédrale, échouant à la volte à une main et au reculer: je lui ai donc repris 10 points, revenant en tête du classement provisoire, mais j’ai ignoré les résultats jusqu’à la remise des prix.

le routier 2019

 

La maniabilité :

Gavroche étant trop irrégulier, j’ai préféré utiliser à nouveau Loupiot pour cette épreuve.

le camion 2019

Notre camion était très lourd, de l’ordre d’un tonne en ordre de marche; en concours FFE avec 4 poneys, notre voiture chargée pèse environ 500 kg en marathon, et 350 kg en maniabilité. Si j’ai une certaine pratique de la maniabilité à 4 poneys en concours sportifs, j’ai l’habitude d’utiliser mon camion surtout en paire et rarement en maniabilité, épreuve pour laquelle ce véhicule n’est absolument pas conçu. L’absence de frein à pied m’évitait d’appuyer dessus (interdit en maniabilité de tradition) par réflexe et m’obligeait à anticiper fortement les ralentissements.

le camion 2019

Je n’ai presque pas galopé et effectué la plus grande partie du parcours à un trot soutenu, faisant 2 fautes dans le temps; ma concurrente n’a fait qu’une seule faute, mais avec du temps, si bien que nous avons été presque à égalité sur cette épreuve.

le camion 2019

 

Remise des prix :

Loupiot ayant posé quelques problèmes lors des présentations de la veille (pied par-dessus un trait), alors que nous étions le seul attelage sur la pelouse, j’ai préféré, pour des raisons de sécurité, me contenter d’un attelage en arbalète pour cette présentation, qui ne fait pas partie stricto sensu du concours, bien que la présence de tous y soit souhaitable. Loupiot a rejoint Gavroche qui se morfondait dans son boxe. La réduction de mon attelage à une arbalète n'a pas choqué le public, vu que j'étais placé exactement entre les attelages à 3 et les attelages à 4.

 

Laure est repartie immédiatement pour voter à Paris où elle est arrivée à 19h30. Philippe a pris sa place à côté du meneur. Édouard (11 ans) a insisté pour prendre la place du groom, sur la paille: nous l'avons casqué, et il nous a amené sa mère qui a donné son accord.

 

Pour la remise des prix, tous les attelages ont été réunis en U sur la grande pelouse. La mise en place a été assez longue, puis la remise des prix elle-même a duré environ une demi-heure, les 3 premiers de chaque catégorie (1 poney, 1 cheval, 2 poneys, ...) étant appelés au centre pour recevoir leurs prix, et entendre l'hymne national du gagnant.

 

Quand cela a été le tour des attelages à 4 poneys, j’ai appris (car je n’avais jusque-là eu accès à aucun résultat) que j’étais à la première place. Philippe a dû descendre s'occuper d'Oslo qui ne pensait qu'à brouter. Et Édouard a été très utile pour placer à l'arrière tous les cadeaux qu'on me remettait, auxquels j'étais incapable de donner une position stable sur le petit siège avant: coupe, cache-pot en porcelaine de Chantilly, 4 bouteilles dont un magnum, sac contenant un livre et divers autres objets, ... La Marseillaise a retenti, et j’ai constaté ensuite que, parmi les 10 hymnes nationaux joués lors de cette remise de prix, mon attelage était à l’origine du passage unique de cette musique.

 

Les suspensions avant : Il est apparu un phénomène dont je n’avais jamais eu conscience, et que je n’ai constaté que sur les photos du concours: si le plateau du camion penche légèrement vers l’avant à vide, ce mouvement est très fortement accentué dès qu’on occupe le siège, surtout si 3 personnes sont à l’avant, et les bottes de paille n’ont pas vraiment contrarié cette inclinaison. Je pense que les suspensions sont malgré tout d’origine, car cette voiture était faite pour porter de très lourdes charges, et n’avait le plus souvent qu’un seul cocher à l’avant. Je ne l’avais encore jamais remarqué car je suis très rarement à terre quand ce siège est occupé.

la position

 

J’envisage trois solutions pour tenter de remédier à ce problème :
- on peut déplacer le ou les grooms, en les asseyant tout à l’arrière, face à l’arrière. Pour cela, il faut placer encore deux marchepieds supplémentaires pour leur permettre, après être montés en marche à l’avant, de rejoindre leurs places à l’arrière. Mais ceci ne fera que réduire l’inclinaison.
- on peut alourdir l’arrière, par exemple en y plaçant une barrique pleine (liquide à déterminer). Mais, outre les problèmes pratiques concernant la mise en place et la fixation d’une telle charge, ceci alourdirait considérablement le véhicule, qui est déjà très lourd au demeurant.
- on peut ajouter des cales plus grandes (10 cm?) entre l’essieu avant et les ressorts (les cales actuelles ont une épaisseur d’environ 1 cm). Cela nécessite la fabrication de solides étriers sur mesures, et il faudra disposer de puissants moyens de levage au moment de la fixation de ces cales.

Emmanuel VANTROYS

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