Tradition, Cuts à Compiègne; mai 2019

24 May 2019

Préambule:

 

J’ai participé en Mai 2018 au C.A.I.T. de Cuts avec un Pill-Box attelé à 3 poneys en arbalète: on m’a reproché, à juste raison, d’utiliser une voiture sur laquelle j’étais assis beaucoup trop bas, surtout pour un attelage en grandes guides.

 

Suite

le camion 2019

 

En Août 2018, j’ai restauré la ‘charrette anglaise’, avec comme idée de la présenter en concours de Tradition. Elle est donc sortie en Septembre à la Route Eugénie, à Compiègne, attelée à 3 poneys en ‘arbalète-troïka’: si le public a apprécié, cela a déplu à certains connaisseurs, car cette forme d’attelage à 3 avec une voiture à 2 roues n’a rien de vraiment traditionnel; et la voiture, qui n’est qu’une voiture ordinaire à 1 cheval, ne présente aucun intérêt particulier.

 

le squelette

 

Pour éviter d’être assis trop bas, j’ai alors pensé à utiliser le ‘squelette’ (en réalité un ‘camion’: les grooms ne peuvent pas y monter par l’arrière), que je détiens depuis 40 ans et qui m’a servi essentiellement pour débourrer les jeunes poneys en paire, avec un maître d’école. Avec cette voiture, on n’est pas derrière son attelage, mais au-dessus. Même si son âge est incertain, c’est incontestablement une voiture ‘authentique’, et le meneur qui s’assied dessus est obligé de prendre une bonne position, sous peine de chuter, et de haut.

 

la position du meneur

 

Pour satisfaire les organisateurs de ‘Cuts à Compiègne’, j’ai demandé à l’organisatrice quel type d’attelage elle préférait voir à son concours; j’ai joint à ma demande des photos (peu nettes) de la charrette anglaise et du camion, en précisant que, vu la rusticité du second, il me faudrait utiliser mes harnais de travail et pas mes beaux harnais de présentation. Notre ‘squelette’ étant en fait un ‘camion’, il devait être équipé comme tel, c’est-à-dire avec ses ridelles et un chargement; pour éviter de surcharger ce véhicule déjà très lourd, j’ai choisi un chargement de paille. L’organisatrice m’a immédiatement répondu qu’elle préférait voir ce camion, attelé à 4 poneys.

 

vue arriere

 

Je me suis donc attelé à deux tâches :
- vérifier complètement mes harnais de travail, utilisés en marathon depuis 40 ans: ils ont toujours été bien entretenus au niveau de la solidité, et toutes les pièces défaillantes remplacées, si bien qu’il ne reste plus beaucoup de pièces des harnais d’origine; mais certaines pièces avaient mauvais aspect (craquelures en surface), et il fallait chercher à l’améliorer un peu, tout en restant dans un style rustique. Par exemple, toutes mes brides comportaient déjà des ‘V’ sur les œillères et une breloque avec un losange identique, mais pas de cocardes: j’ai personnalisé les breloques (pique, cœur, carreau et trèfle) et acheté des cocardes nickelées.

 

cocardes

 

- revoir le camion: juste après son achat, j’avais fait procéder au remplacement complet du bois de la caisse et du siège, qui étaient dans un état de délabrement avancé, et à une peinture totale de l’ensemble avec lasure et rustol, mais aucun entretien, pas même un lavage, n’avait été effectué depuis. Des ridelles avaient été fabriquées, mais je ne les ai pratiquement pas utilisées car elles gênaient l’accès des grooms au plateau. J’ai donc procédé à plusieurs lavages successifs, à un ponçage à la brosse métallique rotative ou à main (pas total car certaines parties sont quasiment inaccessibles) et à une peinture de l’ensemble (lasure sur les bois et noir sur toutes les parties métalliques). J’ai vérifié tous les points de détail (écrous ou boulons manquants, mauvaise fixation d’une ridelle qui empêchait le fonctionnement du frein) et procédé à quelques ajouts: crapaudines en cuir pour le fouet principal et le fouet de rechange (on doit toujours avoir le fouet en main quand on mène, mais on apprécie de le trouver stable en haut quand on escalade la voiture avant le démarrage), et ajout de marchepieds supplémentaires (aluminium de 4 mm) permettant aux grooms de franchir facilement les ridelles. Le camion a donc effectué un stage de jouvence d’un mois devant mon domicile-atelier, à Gouvieux.

 

J’ai nettoyé et étudié ses plaques, que j’avais conservées bien que le bois sur lequel elles étaient fixées ait été remplacé. La plaque de constructeur est incomplète, mais j’ai pu la reconstituer: cette voiture a été fabriquée à Aumont-Aubrac, en Lozère, et a appartenu à un habitant de Prinsuéjols. Ces deux localités encadrent le GR65, qui est le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Je l’ai achetée dans le Cher en 1978 (achat raconté antérieurement sur attelage.org: ''Mon Grand Livre de l'Attelage'': histoires de voitures, 13/05/2014).

 

Une fois la voiture nettoyée, j’ai constaté que quelques rais étaient légèrement différents des autres: cette voiture a manifestement été utilisée de manière intensive et durable, vu qu’il a été procédé au remplacement de 3 rais sur une roue arrière et 6 sur l’autre, ainsi qu’à celui de plusieurs segments des jantes. Quand les peintures ont été terminées, il est apparu que de nombreuses irrégularités (visuelles et aspérités) avaient été figées par la lasure satinée, et qu’il aurait peut-être été préférable d’effectuer un ponçage plus poussé, puis d’utiliser une couleur unie sur le bois.

détail des rais

 

Il a été un peu difficile de constituer un attelage à 4 pour ce genre d’épreuves: Derby (28 ans, avait servi en bicorne dans les concours de Tradition de Rambouillet et du Haras du Pin) a usé ses dents, est maintenant très maigre et n’est plus présentable; Pinocchio et Gavroche sont inaptes à la présentation, car ils adoptent un comportement particulièrement dangereux dans les arrêts durant plus de 10 secondes. J’ai donc eu recours à Loupiot qui, suite à une fracture en 2014, boite légèrement et, de ce fait, n’avait plus quitté Nanteuil depuis 2015. Tornado, Qyo et Oslo sont des valeurs sûres et … Gavroche pouvait remplacer Loupiot au routier ou en maniabilité.

Emmanuel VANTROYS

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"Tradition, Cuts à Compiègne; mai 2019" by @LaBricole60440