21 ème Concours International de Tradition,à Cuts 19& 20 mai 2018 - Compte rendu
19 May 2018
Préambule :
De 2014 à 2017, j'ai sorti presque chaque année mon 'bicorne' dans des C.A.I. de Tradition. Pour cette année, j'ai eu envie de changer un peu.
C'est ainsi que j'ai décidé de présenter une trige cette année au CIAT de Cuts, attelée au Pill-Box restauré en 2013 et inutilisé depuis. J'ai apposé des entourages de cuir autour des brancards, ainsi qu'autour des lanternes, et j'ai confectionné pour le brancardier une bricole spécialement renforcée autour de son anneau de devant, auquel est fixé la balance.
Suite

Une épidémie de grippe équine a conduit à l'annulation de près de 200 concours FFE & SHF en France au mois de Mai, surtout dans le grand Ouest: notamment, le grand concours de Rennes (Amateur 1 & Elite) a été concerné. Pour pouvoir maintenir leur manifestation, les organisateurs de Cuts ont annoncé qu'il exigeraient la présentation d'une attestation vétérinaire de bonne santé datant de moins de 48 heures: en fait, il semblent n'avoir contrôlé que quelques chevaux tirés au sort, et mes livrets et le certificat (qui m'a coûté une visite) n'ont pas quitté mon camion.
Météorologie: les journées ont été chaudes, surtout le dimanche, mais les matinées particulièrement fraiches. Les orages n'ont commencé que le lundi soir.
Samedi 19 Mai :
Le programme du concours annonçait seulement la présentation de 14h à 17h. Comme Philippe et moi devions arriver à Cuts chacun de notre côté, je n'avais pas fixé de rendez-vous précis autre que 'dans la matinée' mais . . . nous sommes arrivés l'un derrière l'autre à 9h45, pour apprendre que le briefing était à 10h30, puis que notre passage en première présentation aurait lieu à 16h20. Je crois que mes poneys ont été les derniers à arriver, mais il nous restait encore une grande place (la seule) sur le parking, entre un tandem français et un évêque polonais. L'équipe de l'ARAP avait hissé un drapeau français au-dessus de sa tente mais, comme celle-ci était dans un trou, on ne le voyait presque pas.
J'avais su que certains des grands arbres de l'allée maintenant célèbre de Cuts avaient dû être abattus pour cause de maladie, mais en fait la totalité a été concernée, et toutes les souches ont été enlevées; cela a beaucoup troublé Philippe qui a perdu ses repères géographiques, car il pensait suivre cette allée pour se rendre au terrain de concours.
Nous avons pu nous préparer dans le calme pour nous rendre à l'heure aux présentations. Il est heureux que nous ayons détendu un peu les poneys car, outre les arrêts pendant les présentations elles-mêmes, il y a eu une vingtaine de minutes d'arrêt pour cause d'encombrement entre la première et la seconde présentation. Quand Philippe nettoyait la voiture, j'ai dû le convaincre de laver même sous les garde-boue, mais cela a été utile car un juge italien s'est accroupi pour vérifier ce point. Le trajet séparant les deux premières présentations comportait un caniveau qu'Oslo a dérobé (je ne m'y attendais pas), et nous nous sommes retrouvés dans un verger dans lequel nous avons louvoyé entre les arbres pour chercher une sortie; le lendemain, j'ai fait acte d'autorité et nous avons franchi ce caniveau.
Les juges ont été peu loquaces: aucun commentaire de l'espagnol; un seul mot de commentaire du juge français ('pieds', probablement pour indiquer que les poneys n'étaient pas ferrés, bien qu'il leur ait attribué une bonne note); quelques commentaires plus précis (en anglais) du juge allemand: 'very unusual turnout', 'clothes not adapted to occasion', ... Un chapeau melon (peut-être marron) aurait probablement mieux convenu, mais je ne voulais pas trop m'éloigner du style indiscutablement campagnard de ma voiture et des harnais en bricole; Philippe était probablement le seul groom à porter une bombe.
En sortant de la dernière présentation (devant le château), j'ai abordé la petite descente sans avoir mis le frein, et sans m'être encore rendu compte que notre reculement était trop long : l'attelage s'est tassé, et Qyo (volée droite) a profité de la confusion pour se précipiter en bas du talus, assez raide et qu'il aurait été dangereux de descendre avec cette voiture peu stable. Philippe, aidé d'un homme de cheval présent en ce lieu, a réussi à ramener Qyo sur le chemin sans que la voiture l'ai quitté. Tornado était aux brancards, et nous avons décidé de le remplacer par Qyo le lendemain pour canaliser ce dernier, qui plongeait à droite à de nombreuses occasions.
Norbert COULON a eu moins de chance: un de ses chevaux a fait un écart sur le terrain de détente, et l'attelage s'est pris dans la clôture en fils de fer lisses de ce terrain, en arrachant un des piquets. Aucun cheval ni humain n'a été blessé, mais le timon s'est cassé et il n'a même pas pu prendre le départ.
Le soir, nous étions invités au dîner de gala (tenue de ville exigée). On nous a demandé dès notre arrivée les noms et prénoms des membres de notre équipe devant participer à ce dîner, et un plan de table nominatif a été établi, pour ne placer autour de chaque table que des convives parlant le même idiome. En effet, les francophones étaient largement minoritaires à Cuts, les plus nombreux étant peut-être les espagnols.
Dimanche 20 Mai :
Comme nous étions les seuls à avoir des petits poneys (moins de 1,34m), nous sommes partis les premiers au routier de 15 km, dans la brume à 9h, juste avant les ânes qui ne faisaient qu'un parcours réduit de 7,5 km. Nous n'avons pas très bien compris ce qui se passait derrière nous: un attelage à 1 Haflinger nous a dépassés, puis s'est laissé doubler, et c'est un autre qui nous a dépassés un peu avant l'arrivée. Nous sommes donc arrivés de bonne heure, et les chevaux passant en fin de matinée ont souffert de la chaleur.
J'ai constaté que la région était beaucoup plus escarpée que ne le laissait croire le terrain de concours; notre frein (patins en bois, commande à manivelle) s'y est manifestement usé. La plupart des points de contrôle ont été bien franchis: arrêt en descente sans frein, 'rail' courbe de 15 m de long sur 30 cm de large, reculer (il a fallu s'y reprendre à 2 fois car Qyo avait coincé son mors dans les palonniers) et volte à une main. Nous avons cependant raté le 'verre': les volées ont fait un écart à la vue du présentoir, je les ai ramenés dessus, mais (menage à une seule main exigé sur ce passage) je n'ai pas pu redresser ensuite. Nous avons été satisfaits de Qyo aux brancards. Cependant, il a coincé à plusieurs reprises son mors Boxton dans les palonniers de volée, et nous avons regretté de ne pas avoir emporté de mors Liverpool simple.
Nous avons pris l'apéritif avec l'équipe de l'ARAP, qui était accompagnée de très nombreux supporters. Philippe a fait la connaissance de sa remplaçante (groom) Amélie.
Maniabilité (à 16h): je n'ai presque pas galopé, même pour l'entrée, la voiture ne s'y prêtant pas vraiment, et les ralentissements sans frein étant difficiles. Le départ a malgré tout été confus: à la porte n°1, tandis qu'Oslo (volée gauche) sautait le plot de gauche, la voiture roulait sur celui de droite; Tornado (volée droite) a touché un plot dans la porte n°6: la largeur des portes était calculée en fonction de ma voiture de 1,22m, ce qui est relativement étroit pour faire passer une paire de volées. Ce parcours de 2 fautes a été effectué dans le temps.
Contrairement à certains chevaux, mes poneys ont été sages pendant la remise des prix, suivie du défilé devant le château (de 17h à 18h): Philippe surveillait les volées (Tornado a un peu piaffé) et Qyo s'occupait à coincer ou décoincer dans ses brancards, soient (le plus souvent) les guides de volée, soient ses propres guides. J'étais premier de ma catégorie, baptisée 'arbalète' par Christian de LANGLADE, mais, comme il n'y avait pas d'étranger dans cette cat´gorie, la remise de mon prix n'a pas été accompagnée d'une Marseillaise
Conclusion concernant la trige:
À demi-mots, tout ce qu'on m'en a dit ressemble à ce que m'a déclaré franchement André GRASSART (ancien secrétaire général de l'AFA) et qui rejoint mon opinion personnelle: c'est rigolo de présenter un tel attelage, c'est très bien de l'avoir fait et celui-ci est tout à fait présentable, mais j'ai l'air d'un crapaud sur cette voiture beaucoup trop basse, et l'expérience ne sera probablement pas à renouveler. Je n'envisage pas d'acheter une voiture ancienne plus haute (certainement très difficle à trouver) dans l'unique but de participer en trige au concours de Cuts, d'autant plus que je possède déjà d'autres voitures traditionnelles que je peux y présenter avec d'autres formes d'attelage.
Vocabulaire : Le 'bicorne' (dont je ne connais toujours pas le nom exact): notre voisin de parking polonais (qui attelait en évêque) avait sur son camion une grande photo de bicorne et le l'ai interrogé à ce sujet; ce n'était pas très facile car il ne parlait que polonais, et un de ses grooms traduisait un résumé en anglais. Il m'a dit que son attelage ressemblait un peu à une unicorne, un peu à un tandem, mais que la formation d'ensemble n'avait pas de nom, et qu'on lui donnait celui qu'on voulait (je m'attendais à ce qu'il me donne un nom polonais, mais il ne m'en a indiqué aucun). Cette rencontre a cependant de l'importance, car c'est la première fois que j'ai rencontré (fut-ce dans la littérature) un tel attelage autre que le mien.
Vocabulaire : L'arbalète, the unicorn, l'unicorne, la trige ou autres: plusieurs conceptions s'opposent: - Christian de LANGLADE affirme que l'unicorn (terme britannique) et l'unicorne désignent ce que j'appelle arbalète (deux timoniers + un troisième cheval en volée); il a placé mon attelage (un brancardier + 1 paire en volée) dans la catégorie 'arbalète'. La trige ne fait pas partie de son vocabulaire. - Yves DAUGER, expert en voitures hippomobiles, adopte la même classification que moi: j'ai mené une trige, l'arbalète et l'unicorne étant synonymes. - Tout le monde semble s'accorder pour dire que la 'grande arbalète' est la même formation que la poste hongroise, à savoir 2 timoniers et 3 volées. - À Cuts, il y avait une catégorie nommée 'Winchester', appelée d'habitude plus fréquemment 'attelage d'évêque' ou 'attelage en évêque' (3 chevaux côte à côte, avec 2 timons): il parait que c'est l'évêque de Winchester qui en a lancé la mode
Emmanuel VANTROYS
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